Michael Confino s’est éteint le 16 juin 2010. Il a été un des plus grands historiens de la Russie du XVIIIe et XIXe siècles et un fin connaisseur des rapports ruraux et de l’intelligentsia, mais aussi du mouvement anarchiste. Membre pendant de très longues années du comité de rédaction des Cahiers du monde russe, il s’est souvent proposé comme un critique profond, voire même radical, des modes de l’historiographie, tout en étant un homme doux et clairvoyant. J’ai eu la chance de l’avoir parmi mes maîtres à penser et, ensuite, parmi mes amis les plus proches.

Michael était issu d’une grande famille de juifs séfarades bulgares, parents éloignés de Canetti. Jeune étudiant au lycée français à Sofia, il avait reçu la médaille d’or du meilleur étudiant de la part de M. Roncalli, à l’époque nonce apostolique en Bulgarie.

Il émigra en Israël après la Seconde Guerre Mondiale et, après une courte activité de diplomate, il s’affirma rapidement comme un des plus importants historiens de l’Empire russe auquel il consacra des ouvrages fondamentaux par leur intelligence et érudition. Avec cette même acuité, son œuvre a par la suite couvert les domaines les plus variés.

Je me permets de joindre son interview publiée récemment in Kritika et qui reconstitue sa vie extraordinaire et ses intérêts innombrables. Je signale aussi le dernier article qu’il a publié, dans le numéro 49/4 des Cahiers du monde russe, intitulé “The /soslovie/ (estate) paradigm. Reflections on some open questions” et qui a contribué à préparer un numéro spécial de cette même revue, consacré à cette question, à paraître prochainement.